L'Élue

Sa naissance discrète

À Tintagel cité de pierre,

Mit tous les cœurs en fête

À l'aube d'une nouvelle ère.

Or la mer bientôt s'affola,

Car au vent claquaient les bannières flottantes,

Sublimées par le dragon rouge du roi,

Qui fit d'Ygerne son amante.

Trois sœurs, le pas léger,

Jeunes filles aux tresses brunes,

Quittèrent la cité

Assiégée, sous le clair de lune.

Mais l'Élue s'enfuit sur les flots

Ardents, vers l'Île solitaire,

Pour obtenir en ce sanctuaire

Caché, des savoirs ancestraux.

Maintes années passèrent,

Et enfin elle devint prêtresse,

Sacrée par la Déesse,

Partit trouver son demi-frère.

Sur sa route un sage vieillard

Lui offrit savoir et conseils :

Elle apprit la guérison tel un art,
À la nuit noire, devenait corneille. 

Son demi-frère était le Roi :

Tel l'Ours uni à la colombe,

Souilla sa piété pour une autre foi,

Celle qui gravait des croix sur les tombes.

Morgane fut la prisonnière

De croyances trop dévouées,

Qui, meurtries, la laissèrent à la lisière

Entre Espérance et Folie enlacées. 

Marie Sullivan

Juin 2013