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  • mercredi 26 mars 2014

    Absinthe


    Seule en ce doux samedi soir, 
    Délaissée sans dessein précis, 
    Je décide d'aller m’asseoir 
    Sous les cimetières d'Ici.

    Silence sacré au dehors. 
    Le bruit de mes pas sur le sol :
    Mélodie souterraine qui prévient les morts, 
    Pour que s'ouvrent les portes de la nécropole. 

    L'escalier s'abaisse et soudain !
    Retentissent rires grotesques,
    Et pleurs cachés, au bar du « Monde-Souterrain ». 
    Lustre en os, bain dans la fosse, cadre dantesque. 

    S'élèvent fumées sulfureuses, 
    Vapeurs acides, contagieuses,
    Parfum de souffre et fétides lumières
    Qui crachent leur halo gris-vert
    Sur les visages aux langues baveuses
    De cette lie mortifère et lépreuse. 

    Dans cette atmosphère étouffante, 
    Se libère la table « 30 ». 
    « Qu'est-ce que je vous sers, cette nuit Milady ? 
    Cocktail Chagrin, Vodka Cafard, Baiser de Nuit ? »

    « Absinthe... Le sucre, brûlé ! 
    Et faites passer ce colis,
    Au fond là-bas, au squelette en habit rayé ! 
    Soyez certain de ne lui céder qu'à minuit ! »

    Je sirote la sève spiritueuse, 
    Se déversant sur mon âme tortueuse...
    Ce labyrinthe abandonné...
    Mon esprit se pose sur le pendule... 
    ...L'aiguille avance puis recule... 
    Les douze coups vont résonner...

    Les sens endormis, fatigués,
    Il est grand temps de me sauver.
    Le serveur s'approche du squelette surpris, 
    Par le tic-tac du colis, il crie « A L'ABRI !» 

    Seule en ce doux samedi soir,
    Délaissée sans dessein précis,
    Je me félicite d'avoir
    Fait exploser cet abruti.

    Marie Sullivan
    Mars 2014




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